Nous avons eu une belle journée de Ğeconomicus hier à l’Alternatibar avec 18 joueurs en monnaie dette et 19 en monnaie libre.

Nous avons adopté la variante rhône-alpine avec 8 tours de 4 minutes, les morts n’ont pas passé leur tour.

La première partie en monnaie dette s’est déroulée dans la frénésie, avec un sérieux asséchement monétaire au bout du troisième tour… la banque a décidé en milieu de partie d’assouplir ses conditions de crédits pour injecter un peu de monnaie dans l’économie.

Après une pause déjeuner, la partie en monnaie libre a pu commencer. On a à nouveau testé la rotation des jetons mais pas des couleurs. Cette fois, j’ai imprimé des planches pour aider à faire cette rotation, à la place des feuilles de papier.

Les joueurs se présentent chacun à leur tour et posent leurs jetons sur le plateau de cette manière :

On place ensuite en regard le même nombre de jetons de la nouvelle couleur, ainsi que le DU créé pour le tour :

Malgré les explications sur le fonctionnement de la monnaie avant de commencer la partie, beaucoup de joueurs se sont posé des questions dans les premiers tours sur ce DU, certains s’avérant surpris de récupérer plus qu’ils n’avaient posé, d’avoir « gagné de l’argent sans rien faire ». Une autre a très vite percuté la différence avec la monnaie dette par la pratique : « Ah, là on donne à chacun la même chose, que ce soit un plombier ou un dentiste… »

Du côté de l’animateur, les jetons sont faciles à compter car dans son angle de vue cela ressemble à ça :

Bon, on va pas se mentir, au premier tour le plateau, pour certains ça ressemblait plutôt à ça :

Mais au bout de quelques tours, les joueurs ont vite compris qu’il était dans l’intérêt de tous de mettre les jetons correctement et ça a avancé assez vite surtout qu’on a fait deux stands de rotation en parallèle. À 19 joueurs, ce n’était pas du luxe.

À la fin de la partie, on est passés au compte-rendu.

En monnaie dette, pas de surprise, beaucoup de disparités et la banque qui rafle la mise haut la main, bien que nous n’ayons pas joué la banque d’investissement pour ne pas perdre trop de temps :

En monnaie libre, moins d’inégalités, très clairement avec un écart-type à 20 au lieu de 40 :

Et la comparaison des 2 est flagrante :

On est ensuite passés au ressenti des joueurs :

  • la partie en monnaie dette était stressante, ils manquaient de monnaie, un joueur a même plaisanté en disant que le stress était était comme dans une salle de trading, l’une des participante a même confié : « J’attendais de mourir avec impatience pour me tirer de ma situation totalement bloquée. »
  • dans la partie en monnaie libre il y avait beaucoup moins de stress, les joueurs recherchaient beaucoup plus le compromis et l’entre-aide,
  • vu le nombre de joueurs, certains joueurs étaient particulièrement vannés pour la présentation, l’une d’entre-elles a trouvé dommage de ne pas présenter les choses avant le jeu… tout en comprenant que cela fausserait les ressentis…

De côté des organisateurs, en monnaie libre on a bien vu que certains cherchaient à acheter un maximum de cartes avant la fin du tour pour se débarrasser de leur monnaie, les uns arrivant souvent avec peu de pièces voire aucune pièce du tout, d’autres étant blindés de pièces. Mais au final cette technique n’a pas réussi aux joueurs en question car en création de valeur ils ne sont pas dans les premiers, loin de là. Comme je l’avais déjà remarqué dans notre partie précédente, le fait d’avoir peu de monnaie en fin de tour mine la capacité du joueur à échanger au tour suivant… surtout s’il reprend la même stratégie…

Réflexions de Thomas qui faisait le banquier pour la première fois

« J’appliquais les règles, sans me rendre compte pendant la partie de l’énorme disparité de richesses que ça induisait. Et je pense que beaucoup d’agents des banques, en voyant les exercices comptables à l’année, n’ont pas idée de ce processus. D’où ma conclusion : Toute banque qui crée de la monnaie par crédit, même en étant “éthique”, participe à cette concentration de richesse. Donc : il n’y a pas de banque éthique en monnaie-dette. »

Une dernière petite remarque, à partir d’environ 16 joueurs, il serait probablement avantageux de faire deux banques pour gagner un peu de temps entre les tours. On a sérieusement accéléré l’entre deux tours en monnaie libre en mettant deux stands de rotation (sachant que de mon côté j’étais toujours seul à comptabiliser sur l’unique ordi mais ça va vite).

En tout cas, de ce que j’en ai vu, tout le monde est parti vanné mais ravi de sa journée.

Ludo en a immortalisé quelques instants :