Par ce beau dimanche de novembre, il y avait du monde dans la salle Altnet pour expérimenter le Ğeconomicus !

Introduction

Nous avions 13 joueurs, pour la plupart des nouvelles têtes. Avec Gepi à la barre, Anya pour faire la police, Darks derrière l’écran aux commandes de gecohelper, matograine à la banque d’affaires qui a pété tous les scores, et jytou en assistant/conférencier.

Pour motiver les joueurs, et ajouter un peu de piment, deux ğ1pourboires de 50 Ğ1 chacun ont été mis en jeu pour les gagnants de chacune des deux parties (hors banque, évidemment).

Première partie

Après les explications rapides, le jeu a commencé vers 11h. Partie en monnaie dette très stressante. Plusieurs joueurs en prison, dont deux pris sur le fait en train d’échanger des cartes à l’inter-tour ! Stressante pour les joueurs, mais également pour le banquier de détail : de vives protestations sont émises lors de certains défauts de crédits… Pendant ce temps, le banquier d’affaires, lui, s’est bien frotté les mains, affichant dès le milieu de partie une table pleine de cartes et faisant des carrés à gogo :

En milieu de partie, le banquier qui voit que la masse monétaire stagne, relâche ses conditions de crédit. Cela occasionne des vagues de défauts quelques tours plus tard.

Vers la fin de partie, un joueur excédé finit par lancer à la cantonade : « Qui veut faire du troc avec moi ? Je veux aller en prison, ça sera toujours mieux que là où j’en suis ! »

Deuxième partie

Après s’être bien restaurés et remis de leurs émotions, les protagonistes ont joué en monnaie libre.

Au troisième tour, des pièces disparaissent lors du change – on prévient alors les joueurs que la triche risque de fausser les résultats et en particulier les comparaisons entre les deux parties, ce qui n’est quand même pas le but. Deux pièces sont alors miraculeusement retrouvées sur la table de change des cartes pour s’éviter une mauvaise conscience sans pour autant dévoiler de qui il s’agissait. À part ce petit incident, le reste de la partie se passe sans encombres dans une ambiance bon enfant.

Analyse

Vient l’heure des résultats. Le premier graphe de la partie en monnaie dette montrent de belles inégalités, avec deux joueurs juste en-dessous du seuil de pauvreté, même sans la banque.

Là où on voit que la banque d’investissement a explosé les scores, c’est lorsqu’on l’inclut dans le graphique :

D’habitude, elle est plutôt à 120… pas à 164. Qui a dit que c’était une mauvaise idée de mélanger banque de détail et banque d’investissement ?

Blague à part, cette fois ce ne sont plus 2 joueurs qui sont sous le seuil de pauvreté, mais 5. Quant à la moyenne des comptes, seuls deux joueurs arrivent à peine à la dépasser. Cela ne ressemblerait-il pas de très près à la situation que nous vivons en zone euro ? Un 1 % qui monopolise une grande part de monnaie, et vraiment très peu de monde qui atteint les 37.753 € moyens par individu dans la zone euro tandis qu’une large part de la population peine à joindre les deux bouts…

Quant à la masse monétaire, elle est en dents de scie, comme les joueurs l’ont très bien ressenti lors de la partie avec des asséchements monétaires conséquents :

En monnaie libre, les inégalités sont beaucoup moins prononcées :

Personne n’est en-dessous du seuil de pauvreté, même si deux joueurs n’en sont pas loin.

La masse monétaire en échelle relative est parfaitement stable avec de très légères variations principalement dues à la monnaie des morts qui sort du jeu.

La comparaison des deux parties sur un même graphe est flagrante :

La partie en monnaie libre a généré beaucoup plus de valeurs, tout en étant pour tout le monde dans une ambiance générale beaucoup moins stressante. L’écart-type fait un bond avec la banque qui a accumulé des valeurs.

Ressenti des joueurs

Les joueurs ont tous ressenti beaucoup de stress en monnaie dette et l’ont exprimé. Plusieurs ont fait le constat qu’ils étaient beaucoup plus « arrangeants » en monnaie libre avec les autres lors des échanges, acceptant d’échanger des cartes qu’ils n’auraient probablement pas échangées lors de la première partie.

En monnaie libre, l’un des joueurs a pointé le fait de la quasi absence de stress monétaire en monnaie libre : « on sait qu’on aura de la monnaie en fin de tour quoi qu’il arrive ».

Certains joueurs se sont plaints des brusques divisions par deux en fin de tour, ce qui a poussé certains à optimiser dans la dernière minute pour se débarrasser de leur monnaie juste avant la fin du tour… ce qui s’est globalement révélé payant dans cette partie pour les joueurs en question. D’autres se sont sentis frustrés de voir leur pactole être divisé par deux. On leur a bien expliqué qu’il s’agit tout simplement d’un effet de bord de l’hyper simplification du jeu : dans une monnaie libre utilisée au jour le jour, l’effet de « perte de valeur » de la monnaie est très progressif, contrairement au jeu où il est soudain. Les joueurs ont bien compris ce point.

Un joueur a exprimé le fait qu’il a aimé la possibilité de faire des crédits quand il en avait besoin en monnaie dette… même si au final cela ne lui a pas permis de s’en sortir vraiment bien.

Autres remarques

Un joueur a pointé un biais possible du Ğeconomicus : le fait qu’on joue la partie en monnaie dette en premier fait qu’on découvre le jeu, alors qu’on connaît déjà le jeu en monnaie libre et qu’on a pu élaborer des stratégies. Pour prouver que ce n’est pas le cas, il faudrait faire des parties en jouant la partie en monnaie libre d’abord et observer les résultats.

Un autre joueur a fait une remarque intéressante : le moment de la mort influe-t-il sur les performances des joueurs ? À vérifier par des statistiques sur de nombreuses parties.

Conférence et fin

Pour terminer, une petite conférence a clos la journée. De nombreuses questions classiques ont été posées, tant sur la monnaie dette que sur la monnaie libre.

Une excellente journée en tout cas, dont tout le monde est visiblement reparti ravi.

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